J9 : Playa Blanca – Corcovado

Au milieu de la nuit plusieurs coqs se mettent subitement à chanter. Patrice jette un œil endormi sur la tablette, me dit qu’il est 4 heures et qu’on devrait déjà être prêts ! Branle bas de combat avant de se rendre compte qu’il n’est que 2h du matin !! Retour au lit pour un court moment car le réveil sonne pour de bon à 3h30. A 4 heures, un taxi 4×4 vient nous chercher. A l’intérieur, il y a Yesenia, notre guide, déguisée en Rambo femelle (elle a même la machette qui dépasse du sac à dos), ainsi qu’un couple de jeunes français (Marie et Alexandre qui vont passer trois jours avec nous) et le chauffeur. Nous voilà partis pour une bonne heure de tape-cul sur une piste défoncée qui longe ou emprunte un lit de rivière pendant plusieurs kilomètres. Nous nous retrouvons devant l’entrée de la station de gardes forestiers Los Patos, un peu surpris car Yesenia a encore changé le sens du trek ! Nous prenons le petit déjeuner dans la voiture en attendant 6 heures du matin. Elle nous a apporté du café (déjà sucré malheureusement) et des tamalès (du riz aux haricots et à la viande emballé dans une grande feuille de bananier (c’est bon mais peu facile à manger sur les genoux). A 6 heures tapantes Yesenia va réveiller le garde de la station pour que l’on puisse s’inscrire sur le registre du parc puis nous partons pour notre premier trek de 18 kms qui doit nous amener à la station la Sirena à travers le parc de Corcovado.

Trek Los Patos - La Sirena

Les premiers kilomètres sont un peu accidentés avec quelques montées et descentes mais les 12 derniers kilomètres sont plats. Hormis la chaleur humide étouffante, la marche ne comporte pas de difficulté particulière. Nous transpirons donc abondamment, principalement sous le sac à dos qui colle au tee-shirt et pèse sur les épaules bien que nous n’ayons emporté que le strict minimum (mais il y a quand même les 2 litres d’eau par personne et les appareils photo). Nous avons plusieurs rivières à traverser mais, à l’exception d’une fois où il faut enlever les chaussures et se mouiller jusqu’aux genoux, les autres traversées se font à sec en marchant sur des troncs d’arbres. Nous ne croisons que fort peu de touristes, seulement deux minis groupes qui vont dans le même sens que nous et que nous dépassons ou qui nous dépassent au moment des pauses.

Los Patos - Départ du trek
Los Patos - Départ du trek
Palmier qui marche
Palmier qui marche
Heliconia
Grands hoccos
Singe Araignée
Champignons

Marie et Alexandre sont à peine plus âgés que nos enfants et sont très sympathiques. Alexandre parle bien l’espagnol et fait très gentiment le traducteur, ce qui nous permet quand même d’avoir quelques échanges avec notre guide. La forêt n’est pas aussi majestueuse que celle de Monteverde mais on y croise plus d’animaux : singes hurleurs, de nombreux singes araignée (une espèce que nous n’avions pas encore rencontrée), quelques petites grenouilles, une pénélope panachée, des toucans, un coati, une famille de grands hoccos, des papillons (monarques et morphos), des fourmis coupeuses de feuilles, divers insectes et de très grosses araignées. En prime nous avons la chance de voir deux serpents : le premier se prélasse au milieu du chemin, c’est un conophis lineatus (common road guarder en anglais). Yesenia nous ayant dit qu’il n’était pas dangereux, je le suis dans les feuillages pour le prendre en photo. En fait je me rendrais compte plus tard en cherchant des renseignements sur cette espèce que c’était une bêtise car c’est un serpent venimeux dont la morsure n’est pas mortelle, certes, mais potentiellement dangereuse et très douloureuse ! Le deuxième serpent était une énorme bestiole bleu-noir et jaune de plus de deux mètres de long, magnifique. A sa vue, Yesenia s’est mise à crier et à courir en nous disant de partir. Du coup, pas de photo. C’était un Spilotes pullatus (serpent des poulaillers) qui se dresse comme un cobra mais qui n’a pas de crochet à venin.

Conophis lineatus
Toucan tocard
Forêt
Singe araignée
Traversée de rivière

Les singes araignée ne sont pas très contents de notre présence. Ils crient, secouent les arbres pour nous impressionner, se frottent les bras et … nous pissent dessus ! A côté de tous ces animaux il y a également quelques jolies fleurs (passiflores et héliconia principalement), des palmiers qui « marchent » (Socratea exorrhiza), des racines et lianes impressionnantes dont les spectaculaires escaliers de singe (Bauhinia guianensis).

Escalier de singe
Escalier de singe
Corcovado forêt
Corcovado forêt
Un curieux insecte
Singe araignée
Racines
Dans la forêt
Forêt de Corcovado

Nous arrivons vers 15h30 à la station la Sirena. Il faut enlever les chaussures de marche pour pouvoir accéder à la galerie couverte. Nous nous installons dans une tente posée à même le plancher. Nous récupérons un matelas mousse d’un malheureux centimètre d’épaisseur et voilà : c’est sommaire et ce sera notre « home » pour deux nuits. Nous pensions dormir en dortoir, en fait le coin nuit où s’entassent tous les randonneurs (une trentaine en tout) est une simple plateforme équipée d’un toit. Ici se retrouvent les gens qui viennent comme nous de Los Patos, ceux qui viennent de Carate et ceux qui ont randonné autour de la station. Pour tout ce petit monde il y a trois douches sales et sans porte (un simple rideau déchiré) et deux WC qui n’ont pas vu la brosse depuis des années. Côté sanitaire, c’est limite insalubre. A noter que pour un parc national, la gestion des eaux usées est lamentable : tout s’écoule dans la nature ! Les sanitaires sont également à déconseiller aux arachnophobes car ils sont colonisés par des dizaines d’énormes néphiles. De nouveaux sanitaires sont en construction : avec un peu de chance les conditions d’accueil seront meilleures d’ici peu.

Station la Sirena
Station la Sirena
Station la Sirena - dortoir
Nephile dans les sanitaires
Singe hurleur
Après une brève installation je vais faire un petit tour pour admirer les singes écureuil qui jouent dans les arbres juste derrière les bâtiments.
Singe araignée
Singe araignée

A 17h30 une sorte de corne de brume annonce l’ouverture de la cantine. On nous sert à chacun une assiette avec riz, poulet, haricots rouges, légumes et salade. Il n’y a pas de choix, mais c’est copieux et correct. Par contre il n’y a pas d’eau, seulement un jus de fruit synthétique et du café. A 18h il fait nuit et on se retrouve rapidement sous notre tente car il n’y a rien d’autre à faire. Patrice a sa liseuse et moi je mets un moment la lampe frontale pour pouvoir écrire et raconter un peu notre journée. Une autre activité nous occupe un bon moment : nous nous enlevons mutuellement les nombreuses tiques qui sont en train de nous bouloter le sang. Elles sont petites mais voraces !

La nuit s’annonce un peu difficile sur notre matelas mousse. Si les bruits de la nuit et de la forêt sont sympathiques, il y a aussi ceux, moins harmonieux, des autres randonneurs. Heureusement que nous avons prévu d’emmener des boules Quiès !  A noter que l’on ne peut pas acheter à manger sur place, mais seulement à boire (5 euros la bouteille d’un litre et demi !). Certains ont apporté leur nourriture, mais ils ont été obligés de manger par terre. On ne leur a pas laissé l’accès au restaurant pour s’asseoir (c’est un peu mesquin).

Nuit à la station la Sirena

Jour précédent : Manuel Antonio- Playa Blanca                                                                  Jour suivant : Corcovado