Jours 1 et 2 : PARIS – KHIVA
Il y a déjà beaucoup de monde quand nous arrivons en milieu d’après-midi à l’enregistrement à Roissy. Les différentes formalités sont heureusement rapidement faites dans la foulée. Nous embarquons avec un peu de retard dans un gros Boeing de la compagnie ouzbek (Uzbekistan Airways). Il est plein comme un œuf. Je ne suis pas à côté de Patrice, mais sur la même rangée, séparés par une travée. Nous partons avec 1h15 de retard car l’équipage attend ses documents de vol. Du coup, il est pratiquement 21h lorsque nous finissons par décoller. Le vol dure 5h30 et il y a 3 heures de décalage horaire entre France et Ouzbékistan. On nous donne à boire, puis à manger, puis du café ou du thé : tout cela prend plus de 2 heures. L’équipage finit par éteindre les lumières 3 heures avant d’arriver. Mon voisin est un ouzbek imposant qui n’arrête pas de bouger, de se lever, de discuter fort avec ses voisins des sièges avant et arrière et de se filmer en train de parler. J’arrive quand même péniblement à dormir une heure avant que la lumière se rallume pour nous donner encore à boire ! Un peu curieux et pas terrible comme organisation ! Nous arrivons à bon port vers 5h du matin heure locale, complètement cuits. Patrice n’a pas plus dormi que moi !
A l’aéroport d’Ourguentch (ou Urgench) les formalités policières sont assez rapides bien que la préposée qui s’occupe de moi passe plusieurs minutes à triturer mon passeport avant de me le rendre. Ça se gâte un peu à l’arrivée des bagages. Visiblement il n’y a qu’un seul employé pour gérer la chose et l’attente est interminable entre chaque chariot. Le tapis roulant est actionné par un moteur de tondeuse à gazon dont la courroie menace de rendre l’âme entre chaque mise en route. Nous sortons de l’aéroport à 7 heures du matin ! Un chauffeur nous attend. Il ne parle pas un mot d’anglais donc nous nous contentons de sourire et de lui confirmer le nom de notre hôtel à Khiva. Entre Khiva et Ourguentch il y a une trentaine de kilomètres d’une grand route neuve toute droite. C’est donc l’affaire de quelques minutes.
L’hôtel Shaerezada est à quelques mètres de la porte sud de la vieille ville fortifiée, nommée Itchan Kala (la ville intérieure). La déco est un peu chargée et kitsch mais l’endroit est plutôt sympathique dans une rue calme. Par chance la chambre est prête. Nous commençons par une bonne douche avant d’aller petit déjeuner. Yaourt local avec des cerises genre griottes, petits pains fourrés au fromage sucré, omelette, fruits… le buffet est copieux. Terrasse sur le toit avec vue sur la vieille ville.
Nous sommes ensuite prêts pour commencer la visite. La vieille ville est entourée d’une muraille de pierres séchées et de briques crues, percée de quatre portes voûtées flanquées de tours circulaires. Le billet permettant l’accès à la plupart des monuments s’achète au niveau de la porte ouest (porte du père). Il est valable deux jours. Le premier challenge est de trouver de l’argent local (soums). L’unique distributeur de la vieille ville est en panne mais nous avons apporté des euros et les magasins à proximité de la porte sont tous prêts à faire du change à un taux correct. Les minarets, mausolées, madrasas s’enchainent au fil des petites rues. C’est un musée à ciel ouvert. Les vendeurs d’artisanat ont aussi investi les lieux. Il y en a partout. Il y a naturellement des vendeurs de cochonneries diverses mais également du bel artisanat avec des tapis, des tissus brodés (suzanis), des calottes, des objets en bois et des céramiques.
Minaret Kalta Minar. Sa construction a débuté en 1852. Sa façade est trapue car il n’a jamais été fini à cause de la mort du Kahn de Khiva. Il ne fait donc que 28 mètres sur les 70 prévus à l’origine. Magnifique décor de céramiques vertes et bleues.
Kuhnia Ark : ancienne résidence fortifiée des khans de Khiva jusqu’en 1919. A l’origine, elle comprenait de nombreux bâtiments. Actuellement on peut encore y voir une tour du 12ème siècle, la très belle mosquée d’été, la salle du trône, des restes du harem et l’endroit où était frappée la monnaie qui a été transformé en musée. Dans la cour de la salle du trône, sur une estrade de briques, le khan recevait les ambassadeurs dans une yourte.
Belle vue sur la ville depuis la tour de guet (bastion Ak Cheikh Bobo), même si à cette heure nous avons un peu le soleil dans les yeux.
Nous rentrons au hasard des rues dans des mausolées, des madrasas occupées par des restaurants, des boutiques d’artisanat ou des petits musées sur la culture locale, la médecine, les sciences. Malheureusement tout est en ouzbek et en russe et il n’y a que de rares traductions en anglais.
Arrêt café dans une terrasse avant de se rapatrier à l’hôtel pour faire une bonne sieste. Nous en avions vraiment besoin et nous voilà requinqués pour ressortir vers 16h (il fait d’ailleurs moins chaud). Quelques petits achats à l’occasion de cette nouvelle promenade notamment de marionnettes en papier mâché chez un artisan qui nous explique leur fabrication.
Le monument qui nous séduit le plus dans l’après-midi est le mausolée de Pahlavan Mahmoud, un poète et philosophe célèbre décédé en 1326. Après sa mort il est devenu le saint patron de Khiva. Certains de ses disciples ont été enterrés près de lui et à partir de 1913, les khans ont fait de l’endroit un mausolée familial. Très jolie cour. Le mausolée en lui-même est magnifiquement décoré de céramiques. Les portes sculptées sont incrustées d’ivoire et de cuivre. En face, la madrasa Chergazi khan est la plus ancienne (1720) et l’une des plus grande de Khiva.
Nombreux touristes d’Asie centrale, ouzbeks bien sûr mais aussi tadjiks, kirghizes, kazakhs et assez peu de touristes américains ou européens (quelques groupes). Nous sommes souvent sollicités pour faire photos et selfies avec les touristes locaux. Nous goûtons également les mûres qui couvrent à cette époque de l’année les nombreux mûriers plantés dans la vieille ville et s’écrasent au sol en faisant des tapis collants. Les ouzbeks en sont friands et nous croisons plusieurs habitants qui nous invitent à cueillir et goûter ces petits fruits sucrés et juteux.
Dîner au restaurant Caravan situé pas très loin de notre hôtel. Nous nous installons en terrasse avec une vue dégagée sur une partie de la vieille ville. Raviolis à la viande puis brochettes de boulettes de bœuf accompagnées de pommes de terre. La nourriture est correcte même si les raviolis sont un peu trop secs et la viande trop salée. Bonne bière fraîche pour faire glisser tout ça (environ 30 euros pour deux). Nouvelle promenade dans la vieille ville qui se vide de ses marchands ambulants et se pare de jolis éclairages nocturnes.
Nuit à l’hôtel Shaherezada Boutique Khiva