Jour 12 : Don Khone et Don Det
Nous quittons un peu à regret la Folie Lodge, mais nous devons prendre le bateau à 8h pour rejoindre le chauffeur. Cette fois le bateau de l’hôtel nous accompagne de l’autre côté du Mékong, sur la rive opposée à Champassak.
Le chauffeur nous attend et nous voilà partis pour deux heures de mauvaise route bosselée en direction du sud et de Nakasang. Sur la route nous croisons des petits camions qui font transport en commun. Les passagers sont assis à l’arrière et se prennent toute la poussière de la route dans la figure. Motos et mobylettes sont parfois équipées d’une sorte de side-car sommaire protégé par une toile dans lequel peuvent prendre place plusieurs passagers. Autre véhicule très présent : une sorte de demi tracteur avec deux grosses roues, un moteur et une barre de direction. L’ensemble est fixé à une cariole dans laquelle on transporte tout, gens, légumes, bêtes et matériaux divers. Notre chauffeur appelle ces véhicules des « chinese buffalos » car ils ont remplacé les buffles.
Arrêt dans le village ethnique de Bane Nong Bung où les habitants travaillent le bois. Masques, cloches pour animaux, statuettes : le rendu dépend du sculpteur mais c’est en général naïf et assez joli.
Au petit port de Nakasang où de nombreuses pirogues déchargent des victuailles et embarquent des passagers, nous prenons un bateau en direction de l’île de Khone. Le chauffeur laisse la voiture et nous accompagne. Nous sommes dans la zone dite des « 4000 îles », un réseau d’îlots couverts de végétation, éparpillés au milieu du Mékong.
A l’arrivée sur l’île de Khone, nous prenons un tuk-tuk pour aller jusqu’à l’hôtel déposer nos affaires. Le Sala Done Khone est un hôtel assez basique mais qui fera très bien pour une nuit. La structure a été construite avec de l’argile mélangée à des cosses de riz et l’eau est chauffée par des panneaux solaires ! Nous repartons ensuite avec le même tuk-tuk (et en compagnie de notre chauffeur) pour un tour de l’île de Khone et de sa voisine, l’île de Det.
Premier arrêt aux chutes de Li Phi au nord-ouest de l’île. L’accès est payant deux fois : une première fois pour entrer dans le site (30.000 kips) et une deuxième fois pour accéder à cinq ponts suspendus qui permettent de bien voir les cascades. L’exploitation de cette zone a été cédée à un privé et du coup on paye le prix touriste, équivalent quand même à une quinzaine d’euros ! L’ensemble mérite la visite car les ponts permettent vraiment de surplomber les chutes sur plusieurs centaines de mètres.
Poursuite de notre virée en tuk-tuk pour voir les restes de l’ancien protectorat français. A la fin du 19ème siècle, 4 kms de voie ferrée ont été construits pour traverser l’île de Don Khone, permettant de faire passer les chutes de Khone aux navires en empruntant une voie terrestre, la voie maritime étant infranchissable. En 1893, deux canonnières ont été chargées sur des chariots tractés par une locomotive et remises à l’eau de l’autre côté des rapides. En 1910, les Messageries fluviales ont bâti un pont ferroviaire entre les îles de Don Khone et Don Det et ont poursuivi la ligne de chemin de fer. On peut encore voir une vieille locomotive, quelques photos anciennes, l’ancien débarcadère et naturellement le pont qui relie les deux îles.
Don Det est plus petite avec une partie centrale cultivée entourée d’une bordure de guesthouses, hôtels, restaurants et vendeurs de tickets en tout genre. Ici, pas de « french fries » dans les restaus mais des « french fried » : gare aux touristes français ! Déjeuner rapide dans un troquet tenu par des européens. Coiffures rasta, ambiance reggae cool, posters de Bob Marley. Nous sommes très loin du Laos mais c’est sympathique. Patrice craque pour une pizza (la première depuis le départ) et je prends une bonne salade de légumes.
Le chauffeur nous raccompagne à l’hôtel en tuk-tuk puis nous partons promener de notre côté. Plus intéressant à mon goût que le pont et autres locomotives, il reste quelques anciennes maisons coloniales dont certaines bien retapées. C’est le cas de la villa patrimoniale française qui a été construite en 1896 pour accueillir les officiers français travaillant pour la « Saïgonaise de navigation et de transports » et « Compagnie des messageries fluviales de Cochinchine » dans le cadre des travaux de construction de la ligne de chemin de fer et du pont. L’ancienne maison coloniale est devenue un hôtel. Nous retournons jusqu’au pont pour le traverser à pied puis nous poussons jusqu’à un temple entouré d’un grand cimetière avec des mini-pagodes de toutes les tailles. Les bouddhistes laotiens pratiquent la crémation. A l’issue de celle-ci, des fragments d’os sont récupérés et placés dans des petites pagodes (bone pagodas) qui peuvent contenir les cendres d’une personne ou de plusieurs membres d’une même famille.
Citronnade fraîche au restaurant de l’hôtel dont la terrasse surplombe la rivière. L’endroit est agréable et nous y restons tranquillement jusqu’à l’heure de dîner (et ce d’autant que notre chambre très sombre n’invite pas au farniente). Hamburger pour Patrice et Pad Thai pour moi. C’est correct sans plus. La clim de la chambre n’a plus d’âge et n’envoie qu’un faible zéphir d’air frais avec un bruit de casserole. On espère qu’on va arriver à dormir !
Nuit à Sala Done Khone, sur l’île de Khone








































