Jour 5 : Tanjore – Trichy – Tanjore
Un peu de brume ce matin aux abords de la rivière, ce qui donne aux berges un petit air breton. Jolie lumière. Nous avons eu un peu chaud cette nuit et nous avons été réveillés par un coup de téléphone de France qui n’avait rien d’urgent… Nombreux oiseaux chanteurs autour de l’hôtel, malheureusement souvent trop loin pour être photographiés. Nous en avons également vu beaucoup hier le long de la route : corbeaux familiers, martins tristes, aigrettes, perruches à collier, rolliers indiens, bulbul Orphée, cratérope de brousse… et plein d’autres que je n’ai pas réussi à identifier. Très agréable petit déjeuner sur la terrasse de l’hôtel. La température est idéale le matin. Dans la rivière des hommes viennent remplir leurs charrettes de terre. Les charrettes sont traînées par des couples de zébus aux têtes et aux cornes magnifiques. On peut se demander pourquoi ils sont si maigres alors que l’herbe ne semble pas manquer ici.
Départ vers TRICHY ou TIRUCHIRAPALLI. Il y a une cinquantaine de kilomètres et une heure et demie de voiture (bien qu’une partie du trajet soit une quasi autoroute). On a beau commencer à s’habituer, on ferme toujours les yeux sur la route ! Les croisements sont marqués par des barrières métalliques qu’il faut contourner. C’est sûr que cela oblige à ralentir, le problème est qu’elles ne sont pas indiquées et qu’on les voit au dernier moment, en particulier quand la circulation est dense. Les bus scolaires et les bus de ville sont en très mauvais état et sont souvent très chargés. Les écoliers qui n’arrivent pas à monter dans le bus bondé s’accrochent sur l’extérieur. Nous avons vu un bus se pencher dangereusement dans un virage du côté de sa grappe humaine ! Autre scène montrant la vétusté des véhicules : un bus double à soufflet dont le soufflet raclait par terre dans les virages !
Une fois arrivés à Trichy nous allons visiter le temple de Srirangam, situé sur une île à 3 kms de la ville. Ce « temple » est une véritable cité religieuse avec sept enceintes successives (les trois dernières ne sont pas accessibles aux non hindous). Malheureusement ses 21 gopurams et leurs sculptures peintes sont presque entièrement recouverts d’échafaudages. Partout on reconstruit, on repeint, nous avons l’impression d’être dans un immense chantier. Il semblerait que ce type de réfection ait lieu tous les 12 ans.
Les premières enceintes hébergent des commerces et des maisons. Il y a beaucoup de monde, prêtres, fidèles et marchands du temple. Au niveau de la quatrième enceinte on pénètre dans une immense salle avec des dizaines de colonnes (963 piliers de granit). L’éléphant sacré du temple bénit les fidèles qui se présentent devant lui moyennant quelques roupies. Nous circulons au milieu d’une foule dense en essayant d’apercevoir par ci par là des bouts de sculptures sous les toiles bâchées. A l’arrivée c’est assez décevant et frustrant.
Nous allons ensuite au Rock Fort. L’entrée est une sorte de mini temple avec son éléphant bénisseur. Ensuite, il faut emprunter pieds nus une belle volée de marches (433), heureusement pour la plupart protégées du soleil, pour accéder au sommet. Sur le premier palier s’élève un temple hindou dans lequel on n’a pas le droit de pénétrer, au sommet il n’y a pas grand-chose, à part la vue dégagée sur Trichy et ses maisons colorées. La dernière centaine de marches est brûlante. Patrice, qui m’a gentiment passé ses chaussettes, se brûle les pieds !
Nous repartons vers TANJORE. Bilan de cette matinée à Trichy franchement mitigé. Dans la mesure où le temple est entièrement en travaux, l’excursion a peu d’intérêt d’autant qu’il y a trois heures de route pour faire l’aller-retour depuis Tanjore. Très bon repas dans un petit restaurant recommandé par notre chauffeur (riz frit avec plein de choses dedans et riz biryani aux œufs). Le décor est un peu glauque (impersonnel avec des néons), la climatisation est au maximum mais l’endroit est fréquenté par de nombreux indiens, la nourriture est bonne et c’est très bon marché.
Nous nous attaquons ensuite à la visite du « complexe des palais ». C’est un ancien palais qui occupe une grande partie de la vieille ville et qui est pratiquement à l’abandon à l’exception de quelques parties qui se visitent dont l’entretien laisse fortement à désirer. Peu de choses méritent le détour. A noter tout le même dans la Sarasvati Mahal Library, quelques beaux manuscrits avec des enluminures, dans le musée d’Art (Art Gallery) une très belle collection de bronzes mais avec une présentation déplorable. On ne voit absolument rien, les bronzes sont dans l’obscurité et on arrive à avoir un aperçu de la collection uniquement grâce à la lampe de la caméra ! L’absence de lumière ne semble pas poser de problème aux gardiens. Enfin, le Durbar Hall, ancienne salle d’audience des rois de Tanjore, est abîmé mais il laisse entrevoir le faste d’antan. C’est finalement un bel endroit dans ce complexe de palais en très mauvais état.
Intéressant passage par une fabrique de bronzes. Du modelage, au moulage et au coulage, nous suivons l’ensemble du processus de fabrication.
Dernier temple de la journée : le temple de Brihadishwara, une superbe réalisation architecturale des Cholas vers l’an 1000. Magnifique d’autant que nous avons la chance de l’admirer avec le soleil qui commence à décliner et qui donne à l’ensemble une couleur ocre dorée.
Autre chance : nous arrivons au moment où commence une cérémonie en l’honneur de Shiva. Le dieu est ici représenté sous la forme d’un énorme taureau et les fidèles lui apportent de l’herbe en offrande. Après quelques minutes de danses exécutées par des jeunes femmes, plusieurs officiants gravissent des échelles jusqu’à l’encolure du taureau monumental. Ils déversent ensuite successivement sur sa tête, de l’eau, du lait, une sorte de pâte jaune puis un liquide orange vif qui ressemble un peu à de la peinture.
La foule massée devant le pavillon de Nandi qui abrite le taureau n’en perd pas une miette. La cérémonie s’achève avec une distribution de riz. Il y a beaucoup de monde, c’est extrêmement coloré et c’est sympathique de visiter un sanctuaire « en activité ».
Retour à l’hôtel presque à la nuit, ce qui ne nous empêche pas d’aller nous plonger dans la piscine avant le dîner. Nous optons pour un repas complet végétarien du Sud de l’Inde servi sur une feuille de bananier. Tout est à base de légumes : chou, aubergines, haricots à la noix de coco, deux sortes de currys, galettes de type naan, galettes craquantes, dahl, riz et chutneys. C’est copieux et excellent. Nous « roulons » jusqu’à nos lits après le repas. Cet hôtel a été une étape particulièrement agréable.
Nuit à l’Ideal River View Hotel