Check out avant le petit déjeuner ce matin car il faut partir assez vite vers la côte sud-ouest de l’île. Belle lumière sur le Teide encapuchonné de nuages. Petit déjeuner très moyen au Parador avec une assiette improbable mêlant charcuterie, purée de tomates, beignet froid, gâteaux secs, cake spongieux et viennoiserie grasse. Heureusement qu’il y a le jambon, cela fera l’affaire pour moi avec un café. Patrice opte pour un chocolat avec des churros mous.

Nous prenons la direction du port de Los Gigantes où nous avons rendez-vous pour une sortie en bateau à 9h45. Très jolie traversée du parc national du Teide, seuls, sans aucune voiture à l’horizon. Nous passons de 2000m et des poussières au niveau de la mer en une quarantaine de kilomètres. La route est bonne mais très tortueuse dès la sortie du parc du Teide.

Les falaises des géants (Acantilados de los Gigantes) et leurs 600 mètres de hauteur sont impressionnantes malgré les nuages qui jouent avec leurs sommets. Nous embarquons sur un voilier de la compagnie Third Element pour une sortie en mer de trois heures. Nous sommes huit (7 français et un polonais francophone) à bord du voilier, en plus des trois membres d’équipage.

Les eaux très profondes entre Tenerife et la Gomera accueillent en permanence des baleines pilote (ou baleine globicéphale) et des dauphins, ainsi que d’autres espèces selon les périodes de l’année. Notre commandant nous explique qu’en ce moment il y a beaucoup de thons et que cette profusion de poissons attire des baleines plus grosses. Nous ne tardons pas à apercevoir des baleines pilote. Toutes noires avec un nez rond, elles ont la taille de gros dauphins. Elles restent en position stationnaire à la surface de l’eau pendant quelques minutes puis plongent pour aller manger.

Un peu plus près des côtes les dauphins chassent le thon.

Les oiseaux de mer, sternes, goélands et surtout puffins essaient de leur voler leurs proies.

Nous avons également la chance de voir à plusieurs reprises des baleines beaucoup plus grosses (rorqual probablement).

Arrêt baignade pour ceux qui le souhaitent (l’eau est à 19°C, trop fraîche à mon goût). Retour au port en grignotant un sandwich. La sortie animée par un équipage très sympathique maîtrisant bien le français et l’anglais, a été vraiment agréable et riche en rencontres animalières. Nous sommes ravis.

L’après-midi est déjà entamée lorsque nous récupérons la voiture et nous décidons d’aller faire un tour jusqu’au village de Masca, situé à quelques kilomètres seulement mais dont l’accès se fait par une route étroite et sinueuse qui offre des dégagés vertigineux sur les montagnes et la mer.

Le minuscule village est accroché à la montagne et domine la mer. Il y a vraiment peu de places pour se garer et on imagine qu’en période « normale » (hors covid) le village doit rapidement être saturé de touristes. Aujourd’hui c’est très calme, il n’y a que quelques visiteurs et les commerces sont fermés à l’exception d’un restaurant avec une grande terrasse.

Figuier de Barbarie

Nous parcourons les quelques ruelles pentues bordées de maisons coquettes et de petits jardins débordant de fleurs et ombragés de magnifiques palmiers. Nombreux cactus (opuntia) dont des figuiers de barbarie et des aloe vera aux grappes de fleurs jaunes. Sans grande faim, nous nous installons à une table de la terrasse du restaurant La Fuente pour profiter un peu plus longtemps de la vue et de l’endroit. Patrice craque pour une pizza et je goûte une assiette de fromages locaux. Nous partageons une glace au cactus en dessert. C’est plutôt bon mais le goût des figues de Barbarie est difficile à identifier.

Route vers El Medano, petite ville de la côte sud qui sera notre étape du soir. Le sud de l’île de Tenerife est connu pour ses plages et son tourisme balnéaire ce qui n’est pas du tout notre tasse de thé. Côté paysage, cette côte n’offre pas non plus le meilleur visage de l’île. Néanmoins El Medano qui est assez ventée (et appréciée des kite-surfeurs) n’est pas trop défigurée et bétonnée. Après avoir longuement cherché une place de parking, nous nous installons à l’hôtel Médano, un établissement des années 1960 face à la mer et récemment rénové. A la réception on nous redemande de présenter notre test covid, mais également notre carte d’embarquement dans l’avion. Je l’ai toujours mais Patrice l’a jetée et s’énerve un peu avant de finalement trouver un justificatif de son voyage en avion. La réceptionniste n’y est pour rien, ce sont les autorités espagnoles qui imposent toutes ces vérifications fastidieuses aux hôteliers. Notre chambre est agréable et possède un balcon donnant sur la plage. Nous y faisons une petite pause agréable avant d’aller dîner.

L’agence nous a réservé une table et le repas de ce soir (en remplacement d’un déjeuner prévu au Parador que nous n’avons pu prendre suite aux changements de programme). A 20 heures nous installons à la terrasse du Tasca la Lata Del Gofio. Le sympathique patron est originaire de la Gomera et parle très bien le français. Il nous fait rire en nous disant : « Les anglais et les allemands quand on leur dit de rester chez eux, ils restent chez eux. Les français, eux, ils viennent tous aux Canaries. » Visiblement le profil des touristes est très différent cette année avec très peu d’étrangers mais plus de français qu’habituellement. L’homme est maître fromager et il a fait ses classes dans le Jura. Après un apéritif façon kir, nous commençons le repas par du chèvre chaud accompagné de confiture de tomate, puis des canapés de patate douce garnis avec de la morue, des oignons confits et de l’ail grillé, nous poursuivons avec des champignons poêlés à l’ail puis du thon mi cuit avec des frites. Nous finissons par un rhum local arrangé aux fruits de la passion. Tout cela est très bon. Excellente soirée.

Nous passons la nuit avec la fenêtre grande ouverte, bercés par le seul bruit de la mer. Le couvre-feu imposé à 23 heures nous offre une tranquillité qui n’est certainement pas habituelle quand on dénombre les bars et restaurants situés directement aux pieds de l’hôtel !

Nuit à l’hôtel Médano, El Médano, Tenerife